JOURNÉE DES DROITS DES FEMMES : QUELLE PLACE POUR LA FEMME DANS LA TECH ?

JOURNÉE DES DROITS DES FEMMES : QUELLE PLACE POUR LA FEMME DANS LA TECH ?

Le 8 mars dernier, c’était la Journée Internationale des Droits des Femmes. À cette occasion, on s’est penché sur une question qui nous semple plus qu’importante : la place des femmes dans le secteur de la tech


Pour cela, nous avons interviewé Gauthier Vasseur, directeur du Fisher Center de l’université de Berkeley. Gauthier est également professeur à l’université de Standford et d’Assas, et valorise la place des femmes dans la tech. Découvrez en exclusivité cette interview d’un des pionniers de l’exploitation de la data et véritable admirateur de l’intelligence féminine.


Peux-tu nous parler de l’importance des femmes dans le secteur informatique ?

C’est souvent commun de le dire, il faut plus de femmes dans le monde informatique, les femmes sont importantes… Mais en fait oui, elles sont effectivement très importantes, où de manière plus large en fait, la diversité est absolument clé.


J’aime jouer sur les mots en disant qu’elle est clé, non pas parce que c’est quelque chose de bien, non. Elle est clé, parce que c’est quelque chose d’absolument nécessaire.


Aujourd’hui, l’aspect très universel de l’utilisation de la data et de l’IA, en particulier pour la résolution de problèmes de société, commerciaux et du monde ; implique que nous tenions compte de la diversité du monde, des clients et des populations.  


Et par conséquent, si à l’origine de ces analytiques, on a un seul petit groupe représenté, bien évidemment que nous aurons du mal à coller à une réalité de marché, qui elle contient une pluralité d’individus.


Ne serait-ce que pour cette logique-là, la place des femmes, et en particulier la diversité en général, est absolument essentielle dans les milieux de l’analytique et de l’IA.


Comment se porte actuellement la représentation des femmes dans le secteur informatique ?

Je dirais que la représentation des femmes et la diversité se porte de mieux en mieux. Ça fait maintenant de nombreuses années que des groupes comme la Berkeley Alliance for Inclusive AI poussent à la prise de conscience du besoin de la diversité et des femmes dans ce domaine-là. 


On voit de plus en plus d’équipes mixtes apparaître. Il y a une vraie prise de conscience sur la valeur de cette diversité, aux commandes des algorithmes et aux commandes des analytiques. Je crois que naturellement, les choses sont en train de se faire. Il ne faut pas relâcher l’effort. La logique économique, d’innovation et de créativité a pris le dessus. Quoi qu’il arrive, on a besoin de tous à la table de la data.


Vois-tu une représentation différente de la place de la femme d’un pays à l’autre ?

J’ai la chance de travailler sur tous les continents, et je constate que la diversité est de plus en plus répandue. Aujourd'hui, je travaille avec des équipes extrêmement variées et indépendamment des pays dans lesquels je me trouve. 


Mes récentes formations ou séminaires, notamment en Ukraine, m’ont montré la présence, si ce n’est une majorité, de femmes aux commandes d’équipes informatiques.


Peux-tu nous citer quelques exemples de femmes qui ont réussi dans le secteur informatique ?

Oh, mais la liste est extrêmement longue ! Et d’ailleurs au Fisher Center, à Berkeley, nous célébrons chaque année les Femmes de l’année en Business Analytics, et le choix est chaque année extrêmement complexe. 


On a énormément de potentiels fantastiques, qu’elle soit ministre comme Cina Lawson au Togo, qu’elle soit Directrice de Diia City en Ukraine, qu’elle soit une brillante CFO de Nutanix ou Directrice des Opérations chez Deloitte ! Elles sont toutes représentatives de femmes qui excellent par leur technologie et par leur humanité, dans un monde extrêmement froid de la data. 


Je dirais aussi, et je crois que c’est ça qui me satisfait le plus dans mon travail, que dans les groupes de professionnels que je forme ou les groupes d’élèves que je vois, il y a tellement de profils magnifiques de femmes qui vont apporter à nos réflexions, des angles qu'on aurait jamais, qui nous complètent et qui aident à valoriser ce qu’on apporte en data. 


Tous les jours, je constate l’importance de cette diversité dans mon quotidien analytique.

Chacune des femmes doit être célébrée dans le monde de la data et les hommes aussi. Ce sera la seule manière d’avoir une analytique durable.


Comment peut-on encourager la participation des femmes dans le secteur informatique ?

Ça commence dès l’éducation. Et ça, c'est quelque chose qui est très important pour nous, notamment à la Berkeley Alliance for Inclusive AI.


On ne peut pas monter en compétences en data ni aimer la data si on ne la connaît pas. Nous avons des programmes qui commencent dès le collège et le lycée et qui vont donner, en l'occurrence, à beaucoup de jeunes filles et de jeunes femmes ce goût de la data. 


Et c’est d’ailleurs absolument magique de voir que des jeunes filles, qui ne se seraient jamais intéressées au monde de l’analytique, découvrent tout à coup que c’est passionnant, qu’elles sont plutôt bonnes sur le sujet et qu’elles peuvent en faire un métier. Ou carrément amener dans leur métier futur, quel qu’il soit, cette partie digitale et data. 


Je pense que l’éducation, c'est un des pivots de cette profession. Je crois qu'il faut que l’on soit tous leaders et que l’on comprenne à quel point cette diversité dans les équipes data est clé. 


La notion de “il nous faut des femmes, il nous faut des hommes”, elle disparaît au profit de “est-ce que je suis entourée d’une diversité qui est représentative de la diversité dans laquelle je vis”. Et ça, c'est le plus grand equalizer qui fait que naturellement, on va voir plus de femmes dans le métier.